mardi 31 juillet 2018

Non-déterminisme et Mesure


Le non-déterminisme dans la mécanique newtonienne

 et le problème classique de la mesure

 

 

 Tiré d'une conférence du physicien Nicolas Gisin, connu pour ses travaux sur la téléportation et la cryptographie quantique

   
        Partant de l'hypothèse qu'un volume fini d'espace ne peut contenir plus qu'une quantité finie d'informations, je soutiens que les nombres réels mathématiques sont physiquement irréels. 
En effet, presque tous les soi-disant nombres réels contiennent une quantité infinie d'informations, comme, par exemple, les réponses à toutes les questions que l'on peut formuler dans n'importe quel langage humain.
De plus, tous les nombres réels, à l'exception d'un sous-ensemble dénombrable, sont incompatibles en ce sens que leurs chiffres sont aléatoires. Par conséquent, un meilleur nom pour eux est "nombres aléatoires". 
Ce nom met en avant le fait que le déterminisme ne peut pas être basé sur l'utilisation de nombres «réels» pour représenter les conditions initiales.
Par conséquent, la mécanique classique newtonienne n'est pas déterministe, contrairement aux affirmations et croyances classiques, sauf pour les systèmes stables comme les oscillateurs harmoniques. 

Cependant, l'utilisation des nombres réels mathématiques est sans aucun doute très utile en tant qu'idéalisation pour permettre, par exemple, des équations différentielles. Mais il ne faudrait pas faire la confusion que croire à cette idéalisation implique que la nature elle-même est déterministe : un modèle théorique déterministe de la physique n'implique pas que la nature soit déterministe.
Par conséquent, dans la plupart des systèmes dynamiques physiques, c'est-à-dire dans des systèmes chaotiques, les conditions initiales sont aléatoires : après quelques chiffres initiaux déterminés, les chiffres suivants sont indéterminés (ils n'ont pas d'existence ontologique). Peu après ces chiffres aléatoires pilotent le système. 

Cela soulève la question de savoir quand les chiffres indéterminés sont actualisés, c'est-à-dire déterminés. C'est l'analogue classique du problème de mesure quantique bien connu. Je soutiens qu'un tel problème se pose dans tous les modèles non déterministes.
Le non-déterminisme de la physique classique, ainsi que le non-déterminisme de la physique quantique, impliquent que le temps passe réellement. 
Einstein a identifié le temps avec des horloges classiques, c'est-à-dire avec des oscillateurs harmoniques classiques. Ceci, ainsi que l'évolution unitaire quantique, conduit à ce que j'appelle le temps ennuyeux, le moment où rien de vraiment nouveau n'arrive, le temps où les choses existent à peine, le temps où ce qui importe c'est d'être, c'est à dire le temps de Parménide.

Mais l'indéterminisme intrinsèque implique qu'il y a un autre temps, au moins aussi réel que le temps ennuyeux de Parménide, que j'aime appeler temps créateur, ou temps d'Héraclite, quand ce qui compte c'est le changement.

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