mardi 18 décembre 2018

Résumé du Livre Tibétain de la Vie et de la Mort





Livre Tibétain de la Vie et de la Mort

De Sogyal Rinpoché





« La naissance d’un homme est la naissance de sa douleur. Plus il vit longtemps et plus il devient stupide, parce que son angoisse d’éviter une mort inévitable s’intensifie sans relâche. Quelle amertume ! Il vit pour ce qui est toujours hors de portée ! Sa soif de survie dans le futur le rend incapable de vivre dans le présent. »
Chuang Tzu.


Première partie de mon résumé



La société contemporaine demeure, dans une large mesure, un désert spirituel et la majorité des gens s’imagine qu’il n’existe pas d’autre vie que celle-ci. Sans foi réelle et authentique en une vie après la mort, la plupart d’entre nous mène une existence dépourvue de toute signification ultime.

Fondamentalement persuadée qu’il n’existe pas d’autre vie que celle-ci, la société moderne n’a développé aucune vision à long terme. Rien n’empêche donc les individus de piller la planète afin de réaliser leurs objectifs immédiats et de vivre dans un égoïsme qui pourrait bien s’avérer fatal pour l’avenir.

Nous saccageons, empoisonnons, détruisons tous les écosystèmes de la planète. Nous signons des reconnaissances de dette que nos enfants ne pourront jamais payer… Nous nous conduisons comme si nous étions la dernière génération sur terre.


Nous pouvons commencer, ici et maintenant, à découvrir un sens à notre vie. Nous pouvons faire de chaque instant l’occasion de changer et de nous préparer – de tout notre être, avec précision et l’esprit paisible – à la mort et à l’éternité.

Le Livre des Morts Tibétain n’est qu’une partie d’un enseignement extraordinaire :
La vie et la mort – envisagées comme un tout – sont présentées comme une série de réalités transitoires constamment changeantes, appelées bardos. Le terme « bar do » est communément utilisé pour désigner l’état intermédiaire entre la mort et la renaissance mais, en réalité, les bardos se produisent continuellement, aussi bien durant la vie que durant la mort ; ce sont des moments de passage où la possibilité de libération, ou d’éveil, se trouve considérablement accrue.
Toutefois, le plus puissant et le plus significatif de ces moments demeure celui de la mort.

Milarépa, le célèbre saint et poète du Tibet, disait : « Ma religion est de vivre — et de mourir – sans regret. »

Si nous refusons d’accepter la réalité de la mort aujourd’hui, alors que nous sommes encore en vie, nous le paierons chèrement, non seulement tout au long de notre existence, mais aussi au moment de la mort et ensuite. Ce refus aura pour conséquence de gâcher cette vie et toutes celles à venir. Nous serons incapables de vivre notre existence pleinement ; nous demeurerons prisonniers, précisément, de cet aspect de nous-mêmes qui doit mourir. Cette ignorance nous privera de la base même du voyage vers l’éveil et nous retiendra sans fin dans le royaume de l’illusion, le cycle incontrôlé de la vie et de la mort, cet océan de souffrance que nous, bouddhistes, appelons samsara

Pour celui qui s’est préparé et s’est engagé dans une pratique spirituelle, la mort arrive non comme une défaite mais comme une victoire, devenant ainsi le moment le plus glorieux de la vie, son couronnement.

« Il est incertain où la mort nous attende, attendons-la partout. La préméditation de la mort est préméditation de la liberté… Le savoir mourir nous affranchit de toute soumission et contrainte. »
Montaigne
Sans doute la raison la plus profonde de notre peur de la mort est-elle que nous ne savons pas qui nous sommes. Nous croyons en une identité personnelle, unique et distincte…

En l’absence de nos supports familiers, nous sommes directement confrontés à nous-mêmes, un personnage que nous ne connaissons pas, un étranger déroutant avec qui nous avons toujours vécu mais que nous n’avons jamais voulu vraiment connaître. N’est-ce pas pour cette raison que nous nous efforçons de remplir chaque instant de bruit et d’activités, même futiles et ennuyeuses, afin de nous assurer que nous ne resterons jamais seuls, en silence, en compagnie de cet étranger ? Cela ne met-il pas le doigt sur un aspect fondamentalement tragique de notre mode de vie ? 
Nous vivons sous une identité d’emprunt, dans un monde névrotique de conte de fées qui n’a pas plus de réalité que la tortue fantaisie d’Alice au Pays des Merveilles. Grisés par l’ivresse de construire, nous avons bâti la demeure de notre existence sur du sable. Ce monde peut sembler merveilleusement convaincant, jusqu’au moment où la mort fait s’écrouler l’illusion et nous expulse de notre cachette. Que nous arrivera-t-il à ce moment-là, si nous n’avons aucune idée de l’existence d’une réalité plus profonde ?

Combien la vie peut être vaine et futile lorsqu’elle est fondée sur une croyance erronée en la continuité et la permanence.

Le rythme de notre vie est si trépidant que la dernière chose à laquelle nous ayons le temps de penser est la mort. Nous étouffons notre peur secrète de l’impermanence en nous entourant d’un nombre sans cesse croissant de biens, d’objets, de commodités, pour en devenir, en fin de compte, les esclaves. Tout notre temps et toute notre énergie s’épuisent à les maintenir. Notre seul but dans l’existence devient bientôt de nous entourer du maximum de sécurité et de garanties. Lorsque des changements surviennent, nous y remédions par une solution facile et temporaire, un expédient. Et notre vie s’écoule ainsi, à moins qu’une maladie grave ou une catastrophe ne vienne nous secouer de notre torpeur.

En dépit de tous nos discours sur la nécessité d’être pragmatique, le pragmatisme en Occident se résume en une vue à court terme marquée par l’ignorance et souvent l’égoïsme. Le regard déformé par la myopie, nous nous focalisons sur cette vie-ci à l’exclusion de toute autre, et c’est là la grande supercherie, la source du matérialisme lugubre et destructeur du monde moderne.

La paresse à l’occidentale consiste à remplir sa vie d’activités fébriles, si bien qu’il ne reste plus de temps pour affronter les vraies questions. Si nous examinons notre vie, nous verrons clairement que nous accumulons, pour la remplir, un nombre considérable de tâches sans importance et quantité de prétendues « responsabilités ».

Impuissants, nous voyons nos journées se remplir de coups de téléphone, de projets insignifiants ; nous avons tant de responsabilités… Ne devrions-nous pas dire plutôt d’« irresponsabilités » ? C’est notre vie qui semble nous vivre, nous porter et posséder sa propre dynamique étrange.
Nous ne sommes que des voyageurs, ayant trouvé un refuge temporaire dans cette vie et dans ce corps.
L’obsession d’améliorer nos conditions matérielles, qui détermine notre comportement, peut devenir une fin en soi et une distraction dénuée de sens.
le plus grand accomplissement de la culture moderne est la publicité remarquable qu’elle fait pour le samsara et ses distractions stériles. La société contemporaine m’apparaît comme une célébration de tout ce qui nous éloigne de la vérité, nous empêche de vivre pour cette vérité et nous décourage de seulement croire à son existence. Étrange paradoxe que cette civilisation qui prétend adorer la vie mais lui retire en fait toute signification réelle, qui clame sans cesse vouloir rendre les gens « heureux » mais, en réalité, leur barre la route menant à la source de la joie véritable ! 
Ce samsara moderne entretient et favorise en nous une angoisse et une dépression dont il se nourrit en retour. Il les alimente soigneusement par le biais d’une société de consommation qui cultive notre avidité afin de se perpétuer. Il est extrêmement organisé, habile et sophistiqué ; il nous assaille de tous côtés avec sa propagande et crée autour de nous un environnement de dépendance presque insurmontable. Plus nous tentons de lui échapper, plus nous semblons tomber dans les pièges qu’il nous pose si ingénieusement. 
Comme le disait le maître tibétain du XVIIIe siècle, Jigmé Lingpa : « Hypnotisés par l’infinie variété des perceptions, les êtres errent et se perdent sans fin dans le cercle vicieux du samsara. »

Sachant cela, ne devrions-nous pas écouter ces paroles de Gyalsé Rinpoché : Faire des projets d’avenir, c’est comme aller pêcher dans le lit sec d’un torrent ; rien n’arrive jamais comme on le souhaite, aussi abandonnez tous vos projets et ambitions. S’il vous faut penser à quelque chose, que ce soit à l’incertitude de l’heure de votre mort…


PRENDRE LA VIE AU SÉRIEUX

Apprenons à ne pas nous surcharger d’activités et de préoccupations superflues mais, au contraire, à simplifier notre vie toujours davantage. La clé nous permettant de trouver un juste équilibre dans notre vie moderne est la simplicité.

Les seuls buts réellement valables de l’existence sont « d’apprendre à aimer les autres et d’acquérir la connaissance ».

Si vous regardez au fond des choses, vous comprendrez qu’il n’existe rien qui soit permanent ou constant ; rien, pas même le poil le plus ténu de votre corps. Et cela n’est pas une théorie, mais quelque chose que vous pouvez réellement parvenir à savoir et à réaliser, et même à voir de vos propres yeux. 

C’est avant tout parce que nous n’avons pas réalisé la vérité de l’impermanence que nous éprouvons tant d’angoisse devant la mort et tant de difficulté à la regarder en face. Nous désirons si désespérément voir tout continuer comme à l’ordinaire, que nous nous persuadons que rien ne changera jamais. Mais c’est là une chimère. Et, comme nous le découvrons si souvent, ce que nous croyons n’a pas grand-chose à voir – sinon rien – avec la réalité. 
Pourtant c’est cette illusion, avec ce qu’elle comporte d’informations erronées, d’idées et de suppositions, qui constitue les fondations branlantes sur lesquelles nous bâtissons notre vie. Peu importe que la vérité vienne sans cesse nous contredire ; nous préférons continuer, dans un élan de courage désespéré, à entretenir notre fiction.

Réfléchissez à ceci : la réalisation de l’impermanence est, paradoxalement, la seule chose à laquelle nous puissions nous raccrocher, peut-être notre seul bien durable.

la réflexion sur la mort et l’impermanence nous réveille et nous ramène à la vérité :
Ce qui est né mourra, Ce qui a été rassemblé sera dispersé, Ce qui a été amassé sera épuisé, Ce qui a été édifié s’effondrera, Et ce qui a été élevé sera abaissé.

L’univers entier, nous disent aujourd’hui les scientifiques, n’est que changement, activité et transformation : une fluctuation continuelle qui est le fondement de toute chose.
Toute interaction subatomique consiste en l’annihilation des particules d’origine et en la création de nouvelles particules subatomiques. Le monde subatomique est une danse sans fin de création et d’annihilation, de matière devenant énergie et d'énergie devenant matière. Des formes transitoires apparaissent et disparaissent en un éclair, engendrant une réalité sans fin, constamment recréée.

Posez-vous ces deux questions : est-ce que je me souviens, à chaque instant, que je suis en train de mourir ainsi que toute personne et toute chose, et est-ce que je traite en conséquence tous les êtres, à tout moment, avec compassion ?
Ma compréhension de la mort et de l’impermanence est-elle devenue si vive et si aiguë que je consacre chaque seconde de mon existence à la poursuite de l’éveil ?
Si vous pouvez répondre par l’affirmative à ces deux questions, alors oui, vous avez réellement compris l’impermanence.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire